DIRECT VELO
Par NICOLAS MABYLE
Propos recueillis par CLOÉ COLINET
Le 13 mai 2025
Thaïs POIRIER membre du Club Cycliste Marmande 47
Courait sous les couleurs de la Nouvelle Aquitaine sur cette épreuve
Incrédule, main gauche sur le visage, les yeux humides, remplis à la fois de fierté et d’émotion, les deux genoux et le coude gauche ensanglantés après une vilaine chute au coeur de la course : c’est ainsi que Thaïs Poirier a coupé la ligne d’arrivée au sommet de la Montée Jalabert, sur les hauteurs de Mende, à une très solide quatrième place. Quelques secondes plus tard, elle pouvait recevoir les félicitations et le réconfort de ses proches, qui l’enlacent chaleureusement, l’exaltation contenue.
“C’était un peu plus compliqué sur la première étape mais cette fois-ci, j’avais de bonnes jambes. Malheureusement, j’ai chuté en début de course, ça a donc été un peu plus compliqué que prévu, mais ça l’a fait quand même”, synthétisait-elle à chaud, auprès de DirectVelo, le corps meurtri, au cœur des forêts lozériennes et alors que la pluie faisait son apparition juste après le dénouement de ce Tour du Gévaudan Occitanie, troisième manche de la Coupe des Nations Juniors. La sociétaire du comité de Nouvelle-Aquitaine a chuté juste avant le premier GPM, en début de course. “J’ai dû faire un gros effort pendant plusieurs kilomètres pour remonter. Je n’étais pas avec les meilleures mais j’ai pu rentrer plus tard quand même et attaquer la dernière montée dans le premier groupe”.
« JE N’AVAIS PAS PRÉVU DE FAIRE UN SI GROS EFFORT DES LA PREMIÈRE BOSSE »
Malgré la douleur et la frustration, l’ancienne médaillée de bronze d’un Championnat de France Cadettes de cyclo-cross a activé le mode guerrière et s’est fait la peau dans les pentes terribles de l’ascension finale, avec deux genoux en feu et à sang. “J’étais déjà tombée il y a deux semaines sur le Loire Ladies Tour, et là je suis retombé sur le même coude, les genoux… Ce n’est pas cadeau”. Et pourtant, la fille de Yohan Poirier, - directeur sportif au CC Périgueux Dordogne - a réalisé une sacrée ascension. “Je ne savais pas trop où me situer en n’étant que J1. J’espérais un Top 20 voire un Top 10, à vrai dire, alors c’est déjà ça de faire 4 !”. Plus encore dans ces conditions, bien sûr. De quoi lui laisser quelques regrets ? Pas plus que cela, à vrai dire. “Je n’avais pas prévu de faire un aussi gros effort dès la première bosse sinon, j’aurais pu basculer dans le premier groupe. J’ai réussi à bien finir quand même, à monter à mon rythme en remontant les filles une à une. Je suis très satisfaite, pour une première année, c’est vraiment bien. Peut-être que j’aurais pu faire mieux mais devant, elles sont très fortes et rien ne dit que j’aurais fait une meilleure place”.
Voilà en tout cas qui promet pour cette jeune athlète qui sort donc des rangs U17. “Elle a une grosse marge de progression. Elle commence tout juste à suivre, pour la première fois, un vrai programme d’entraînement, structuré, avec son nouvel entraîneur Camille Chancrin”, explique le Conseiller Technique Sportif de Nouvelle-Aquitaine, François Trarieux, qui connaît déjà bien Thaïs Poirier pour l’avoir suivie en cyclo-cross. “Camille a l’expérience de ces jeunes talents chez les féminines, il a travaillé avec notamment Célia Gery auparavant”. L’Ardéchoise avait d’ailleurs, elle aussi, brillé sur les routes du Tour du Gévaudan, où elle était montée sur le podium l’an passé. Thaïs Poirier aura encore une chance de faire (au moins) aussi bien dans un an.