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=► LE TEST DE RUFFIER

par le docteur Patrick Bacquaert

Avec ce test, on obtient l’indice de Ruffier ou indice de Ruffier-Dickson, qui reste une valeur sûre dans le bilan de base médico-sportif.

Ce test est facilement réalisable, reproductible en prenant des précautions de bonne méthodologie. Le faible coût de réalisation du test de Ruffier-Dickson en fait un test de vulgarisation dans le cadre d’un bilan de forme physique. Toutefois, ce test peut prêter à sourire lorsque l’on regarde la sophistication du suivi médical des sportifs de haut niveau et en particulier l’évaluation de la Vo2Max directe.

Les médecins du sport se sont toujours intéressés aux variations de la fréquence cardiaque à l’effort. De nombreux tests ont été proposés, afin de quantifier celle-ci et de réaliser un suivi d’aptitude. La majorité de ces tests prennent la fréquence cardiaque comme valeur cible.

La fréquence cardiaque est l’unité de mesure indispensable du travail effectué par le cœur. Elle est en effet directement proportionnelle à l’effort fourni par le cœur. Elle est propre à chaque sportif et même différente suivant les jours en fonction des conditions extérieures (chaleur, humidité) et de l’état de forme (fatigue, digestion, stress, heure de la journée).

Le Saviez-vous ?

Un peu d’Histoire

Nous retrouvons en 1950, une première communication du Docteur Dickson intitulée : « L’utilisation de l’indice cardiaque du Ruffier dans le contrôle médico-sportif ». Le Docteur Ruffier quant à lui a réalisé « un indice de résistance du cœur à l’effort ».

Dès cette époque, nous découvrons les balbutiements de la médecine du sport, avec la mise en place d un suivi médico-sportif scientifique. De nombreux autres tests ont alors été décrit et mis en œuvre par les médecins du sport et les préparateurs physiques. Le Professeur Astrand fût ainsi l’un des premiers à vulgariser pour les sportifs la notion de capacité d’endurance…

Lire aussi : La Capacité Aérobie.

 

Description

Le test de Ruffier-Dickson est :

  • simple

  • réalisable dès l’âge de 10/12 ans

  • sans risque cardiaque majeur

  • nécessitant de la part du médecin peu d’équipement

  • facilement reproductible

 

Le Principe du test de Ruffier-Dickson

Il s’agit de mesurer la fréquence cardiaque à trois moments importants de l’adaptation du cœur :

  • Au repos, c’est à dire lorsque le sportif entre dans le cabinet ou dans la salle technique de réalisation (vestiaire, salle d’effort.. ). On prend la précaution de maintenir au moins quelques minutes de relaxation et de détente pour retrouver une fréquence cardiaque véritablement de repos différente de celle le repos au matin au lever.

  • Immédiatement après l’exercice dit de Ruffier-Dickson : on relève la fréquence cardiaque d’effort avant le frein vagal.

  • et après une minute de repos post exercice.

Ces trois fréquences cardiaques sont importantes pour le calcul de l’indice de Ruffier ou l’indice de Ruffier Dickson, et évaluer une aptitude globale.

Il est important de prendre les précautions d’usage pour le recueil des fréquences. La meilleure méthodologie actuelle consiste à mettre en place un cardio-fréquencemètre, ce qui évitera l’erreur de la prise manuelle ou mieux, si cela est possible, de prendre la fréquence cardiaque avec la mise en place d’un électrocardiogramme. Les ressources de la santé connectée pourront aussi être utilisés.

Ce test doit être réalisé par le même opérateur, dans les mêmes conditions et avec une méthodologie rigoureuse.

Conseil du pro

Méthodologie du test

a) détermination de la fréquence cardiaque de repos « Fc0 »

 

 

 

 

 

Le sujet est au repos, allongé. On en profite pour mesurer la pression artérielle aux deux bras. On peur  mettre en place soit un cardio-fréquencemètre, soit un ECG pour valider la fréquence cardiaque.

L’important est de prendre avec exactitude la fréquence cardiaque de repos selon ses habitudes manuelles (pouls radial, pouls carotidien) ou avec un capteur. On note à ce moment-là la fréquence cardiaque de repos (Fc0).

 

b) détermination de la fréquence cardiaque à l’effort « Fc1 »

Le sujet doit effectuer 30 flexions des jambes en 45 secondes. Pour tenir un rythme régulier, l’idéal est d’aligner les flexions sur les battements d’un métronome réglé à 30 battements / 45 secondes, ou alors on dispose d’un chronomètre bien lisible gradué en secondes. A défaut, et avec l’habitude, on peut rythmer soi-même la fréquence de flexion que le sportif devra suivre.

Attention : une fréquence de montées et descentes trop rapides ou trop lentes modifiera la valeur finale du test.

Par ailleurs, le sportif doit être en tenue qui permettra de réaliser ses flexions de façon correcte. Les pieds doivent être écartés l’un de l’autre d’environ 20 centimètres, les fesses doivent en fin de flexion toucher les talons. Il s’agit donc de flexions talon/fesse. Le buste doit rester droit, et à la remontée, le sujet doit finir les jambes tendues.

La position des bras est indifférente. Ils peuvent maintenir l’équilibre chez un enfant, les bras en avant, les coudes légèrement fléchis donnent un bon équilibre.

Après la série des 30 flexions, on mesure immédiatement la fréquence cardiaque Fc1, selon la technique choisie, et on mesure également la pression artérielle.

 

c) détermination de la fréquence cardiaque de repos après effort « Fc2 »

Une minute après la fin de l’exercice, le sujet étant assis, voire allongé, on mesure la fréquence cardiaque Fc2 selon la même méthodologie.

Attention à bien respecter les temps, car un sportif bien entraîné possédant un bon frein vagal, ralentira suffisamment son coeur pour fausser le résultat si l’ on n’ est pas rigoureux sur la minute de récupération.

 

Calcul de l’ indice de Ruffier-Dickson

Il existe deux formules de calcul. Certains auteurs appellent une formule l’indice de Ruffier, les autres l’indice de Ruffier-Dickson. Il n’est pas aujourd’hui déterminé que l’un ou l’autre des calculs ait un avantage précis. Toutefois, il faut toujours se référer au même mode de calcul pour valider un suivi longitudinal.

Les formules

(Fc0 + Fc1 + Fc2 – 200) / 10 = indice Ruffier

[(Fc1 – 70) + 2 x (différence Fc2 – Fc0) ] / 10 = indice Ruffier-Dickson

 

Commentaires

  • Pourquoi le Docteur Ruffier a-t-il introduit – 200 dans sa formule ?
    Tout simplement parce que chez un sportif entraîné et en forme, le total de 3 pouls est proche de 200. D’autre part, retirer 200 à la formule consiste simplement à barrer le 2 dans le résultat final.

  • Pourquoi divise-t-il par 10 ?
    Tout simplement pour classer le sportif selon un indice petit et facile à retenir.

Interprétation et classement des sportifs

L’indice de Ruffier ou l’indice de Ruffier-Dickson permettra de définir ce que l’on appelle un cœur athlétique et un cœur insuffisant. On peut également classer les sportifs en très bonne adaptation à l’effort jusqu’à mauvaise adaptation.

Pour l’évaluation dans le cadre d’une simple activité physique et sportive, on se contentera de la classification « mauvaise, bonne ou très bonne adaptation ».

Les Résultats

Indice de Ruffier

  • Indice < 0 = très bonne adaptation à l’effort

  • 0 < indice < 5 = bonne adaptation à l’effort

  • 5 < indice < 10 = adaptation à l’effort moyenne

  • 10 < indice < 15 = adaptation à l’effort insuffisante

  • 15 < indice = mauvaise adaptation à l’effort – bilan complémentaire nécessaire