Ouvrier, coureur, enseignant, directeur sportif, entraineur
et dénicheur de talents
Il est né en Espagne à El Payo le 23 décembre 1943, il est décédé le 01 avril à l’institut Bergognie de Bordeaux, où il avait été admis en soins palliatifs suite à une longue maladie.
Victor Caneiro était une figure du Club Cycliste Marmande 47 depuis son arrivée il y a 36 ans c’était en 1984. Mais avant cela il a eu plusieurs vies :
Il commence des études techniques au CET de Blanquefort en plomberie, chauffage, il va obtenir son brevet professionnel et ensuite prendre la direction des chantiers comme ouvrier durant quelques années.
Voulant évoluer (son côté perfectionniste) il décide d’entrer à l’Ecole Normale Nationale d’Apprentissage à Paris afin de pouvoir enseigner, il obtient son diplôme et devient professeur de l’enseignement technique en 1974, il prendra sa retraite à 60 ans.
Et le vélo dans tout cela ? Pas facile au début, son père ne voulait pas qu’il pratique ce sport, il s’achète un vélo en travaillant (son premier vélo ayant été brisé par son père). Il fait connaissance avec la famille Laville au Bouscat et il leur en était très reconnaissant pour leur aide. C’est dans le club de cette ville qu’il va démarrer sa carrière cycliste en 1960, il va courir durant près d’un quart de siècle pour stopper sa carrière à 40 ans. Il remportera environ 130 courses dans le grand Sud-Ouest, c’est grâce à ses qualités de grimpeur qu’il remportera l’essentiel de ses succès. Il accéda à la 1ère catégorie en 1964, il se souvenait avoir participé au Grand Prix de la Tomate qui se déroulait à l’époque en deux étapes, c’était la grande période de Michel Fedrigo.
Côté entraineur, il commence au Bouscat par entrainer les jeunes durant 3 années de 1982 à 1984, il en profite pour passer ses brevets fédéraux. Il rejoint ensuite fin 1984 le CCM pour devenir DS, il passe son brevet d’Etat. Très vite, il se rend compte qu’en tant que Directeur sportif il ne voit ses coureurs que durant les courses, il souhaite passer entraineur, très certainement son côté pédagogique d’enseignant, voilà c’est parti pour une nouvelle carrière, nous pouvons vous dire qu’il en a, déniché, recruté et formé des nouveaux coureurs talentueux. Il a beaucoup appris auprès du regretté docteur Francis Genson et des entraineurs nationaux, et toute cette expérience accumulée dans le domaine sportif et dans celui de l’enseignement a été mis au service du vélo, car il savait que ce sport difficile ne pouvait être pratiqué qu’avec du travail et de l’abnégation
Ce qui surprenait chez Victor, selon ses anciens protégés, c'était surtout sa manière de travailler, un professionnalisme poussé jusqu'aux détails. On voyait les méthodes d’entrainement qui évoluaient, on passait d’une forme d’empirisme à des méthodes modernes. Cela se sentait également parce qu'il transmettait sa rigueur et son perfectionnisme à chaque moment. On s’apercevait aussi que c'était un entraîneur qui possédait une ambition saine de gagner, non pas pour lui, mais pour ses coureurs, il tentait de leur inculquer cette envie de réussir au sein du Club Cycliste de Marmande et imaginait pour certains d’entre-eux un avenir encore plus haut, comme pour Armand De Las Cuevas, Anthony Langella, tous deux passés professionnels. Ces protégés qu’ils soient amateurs puis professionnels, se rappellent ses méthodes, l’utilisation du fractionné, l’entraînement derrière scooter, les mesures physiologiques, en clair de la méthode, de l’analyse et surtout de vrais plans d’entrainement. Il savait écouter, rassurer et comprendre la psychologie des coureurs, une anecdote concerne Armand de Las Cuevas avec qui il est resté lié jusqu’au bout, ce denier reconnaissait qu’il n’était pas facile mais avouait aussitôt que Victor était le seul qui l’avait vraiment compris.
Victor Caneiro avec Anthony Langella
Ils sont restés très proches jusqu’à la fin.
On continuait à apercevoir Victor sur le bord des routes ou sur l’anneau de Bordeaux, toujours discret mais son regard observateur lui permettait de scruter le comportement des coureurs. Il était diminué et ne voulait pas qu’on se rende compte de son état, fierté espagnole ou tout simplement pudeur.
Il y a dans la vie des moments que l’on n’est pas préparé à vivre et que l’on ne souhaite pas vivre, celui-là en est un. Cher Victor tu étais pour beaucoup d’entre nous un modèle, un exemple à suivre, ton départ est pour nous aussi tout simplement une leçon de vie.
Nous te remercions pour ce que tu es, nous n’arrivons pas à parler au passé : un homme juste, généreux, attentionné, serviable un peu moqueur…et on en passe. Voyez-vous, nous ne faisons pas l’hagiographie de Victor, mais nous essayons de dire simplement comment il était. Son altruisme était particulier, il vivait pour les autres plus que pour lui. Ne pleurons pas de l’avoir perdu mais réjouissons-nous de l’avoir connu. Pour la grande famille du sport, Victor trouvait toujours les mots justes, qu’il faille féliciter, hausser le ton, rendre hommage ou remotiver ses coureurs. Quelqu’un avait écrit : «Nous exagérons dans l’individu mort les vertus que nous avions méconnu pendant sa vie » ou comme Brassens le chantait : « les morts sont tous des braves types ». Voyez-vous pour nous, Victor notre ami, c’était un brave type. Nous n’exagérons rien. Bien évidemment il avait probablement quelques défauts, mais qui n’en a pas ? Son courage dans l’effort, ses convictions, son intelligence de cœur, son ouverture d’esprit, sa générosité, nous ne les avons pas inventés, nous les avons vécus en permanence. Personne ne pourra jamais nous enlever la chance et la fierté que nous avons eu de de l’avoir connu et côtoyé. Et lorsqu’il faudra prendre une décision, nous lèverons nos yeux vers le ciel en nous demandant : « et lui qu’aurait-il fait ? »
Rappelons-nous, Victor c’était la sincérité d’une passion, il servait le vélo et ne se servait pas du vélo. Il n’a pas toujours été épargné par la critique mais comme toujours ceux qui font s’exposent et ceux qui défont s’imposent, c’est ainsi.
Tous tes amis seront là pour toi, à distance certes, vu la situation actuelle de confinement, nous aurons tous une pensée chaleureuse envers lui et nous présentons au nom du club nos sincères condoléances à tes trois enfants Sylvie, Patrick et Laurent, à sa famille et à tous tes proches.
On est bien peu de choses, au revoir VICTOR.
De gauche à droite : Anthony LANGELLA, Gilles ZECH, Alain LAGIERE,
Jérôme BONNACE et Victor CANEIRO
De gauche à droite : Franck CLEMENT, Pascal MONLEZUN, Gilles CHAUVIN, Victor CANEIRO et Armand DE LAS CUEVAS
Victor avait du mal à surmonter le décès de deux de ses coureurs :
Franck à 18 ans et Armand à 50 ans.
Anthony et Jean-Marc
Le Bureau du CCM47